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Tirage au charbon de bois sur sable / 2021 

«Une photographie pour immortaliser un instant.»

    Cette idée de la photo comme un mémorial de son sujet est extrêmement présente et ancrée. Pourtant, il me semble que l’acte de prendre une photo tue l’instant, le présent. Ce n’est pas pour rien que cette action se traduit en anglais par le verbe «to shoot». 
   Alors que la sensation de présent est discontinue, photographier «coupe» en quelque sorte la timeline ; il y a un moment avant, et un moment après cet acte, le présent vient tout juste de devenir le passé ; et un nouveau présent a pris sa place. Comme si cet acte créateur était un moyen d’infléchir le fil du temps.
   Cette idée m’a amenée à penser et créer des images comme des entités évolutives, capables elles aussi d’avoir leur propre timeline, leur propre vie, et de facto, une forme de fin. 
   La photo ci-contre est réalisée en poudre de charbon, à même le sable de la plage, et n’existe plus. Elle a été emportée, comme tous les autres tirages réalisés, par la marée montante. Ces images sont réalisées comme des sérigraphies, mais en remplaçant l’encre par une très fine poudre de charbon de bois. Ce matériaux a été choisi non seulement pour la force de son pigment, mais également pour le souvenir vivace des différentes marées noires vécues sur les littoraux bretons. Il présente aussi l’énorme avantage de ne pas produire de pollution.
   Ces images à mi-chemin entre dessin, estampe et photographie, sont donc des tirages aux caractéristiques uniques. Produites à marée descendante, elles se désaturent avec le vent et le séchage, les mouettes et les humains qui marchent parfois dessus. Les mollusques dans le sable les dégradent par le dessous. Elles seront enfin détruites inexorablement, au bout d’environ 6h, par la montée des eaux.

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